vendredi 28 juillet 2023

Une histoire de Popo l'hippopotame qui ne savait pas danser

Tous les animaux de la savane aimaient danser. Lorsque la nuit tombait, ils se retrouvaient tous, carnivores et herbivores, prédateurs et proies, pour de grands concours de danse, où chacun rivalisaient d'audace et de grâce. Il y a avait là Léon le Lion, Isabelle la Gazelle, Jean-Loup le Gnou, Zoé la Chimpazé, Raph la Girafe, Hélène la Hyène, Eloi le Boa et tant d'autres. C'était de grandes fêtes où chacun riait et s'amusait. 

Le seul qui ne dansait pas était Popo l'Hippopotame. 

Oh, il aurait bien voulu faire comme ses compagnons, mais il était si lourd et si balourd... Les hippopotames, disait-on partout dans la savane, ne savaient pas danser, ne pouvait pas danser. Il était ridicule pour eux d'essayer. Dès qu'ils essayaient de virevolter, ils ne faisaient que tout casser. 

Pourtant, Popo venait tous les soirs aux grandes fêtes, les yeux pleins d'espoir. Mais à chaque fois qu'il esquissait un pas, qu'il semblait sur le point de se lâcher et d'essayer, tous les animaux, Léon, Isabelle, Jean-Loup, Zoé, Raph, Hélène, Eloi et tous les autres lui criaient d'arrêter. "Popo, disaient-ils, tu sais bien que les hippopotames ne savent pas danser !" Et s'il insistait, ils se moquaient de lui : comment pouvait-il seulement penser les imiter avec son gros ventre, ses grosses fesses, ses pattes empotées et son museau imposant ? 

Alors, Popo rentrait chez lui, sans rien dire, sans que personne ne voit la petite larme qui glissait sur la grosse peau rugueuse de sa joue. 

Un jour, Popo ne vint plus aux fêtes. 

Au bout d'une semaine, les animaux s'inquiétèrent et le cherchèrent mais il n'était nulle part dans la savane. Des oiseaux migrateurs dirent qu'ils l'avaient vu partir loin, très loin. 

"Mais pourquoi est-il parti ? demandèrent les animaux de la savane. 

- Il a dit qu'il voulait s'entraîner" répondirent les oiseaux migrateurs.

Et au bout de quelques années, alors qu'il était sur le point d'être oublié, Popo revint. 

Et enfin, il put prendre sa revanche. 

Grâce à l'entrainement de ninja qu'il avait suivit dans un lointain pays, il traqua un par un les animaux qui s'étaient moqués de lui, et les exécuta à l'aide de ses connaissances durement acquises comme mercenaire sur les tous les théâtres d'opération du monde. Chacun reçut une mort à la hauteur de l'offense qu'il avait fait au brave Popo, l'Hippopotame qui ne savait pas danser. 

 

Moralité : ne faites pas chier les hippopotames.

mardi 25 juillet 2023

Une histoire de stratégie Ender

 - Écoute, Ender, je dois te dire la vérité à présent : le jeu auquel on t'a fait jouer, ce jeu de stratégie où tu as détruit une planète entière... ce n'était pas un jeu, c'était vrai ! 

- Ah. 

- Donc, tu comprends, ton projet de supplément avec deux nouvelles armées dont les Soeurs de Bataille et des règles additionnelles pour gérer les voyages temporels, ça va pas être possible. 

- Vous auriez pu me le dire avant que je fasse l'illustration du livret de règles quand même.

mercredi 19 juillet 2023

Une histoire d'amis qu'on se fait en chemin

- Il y a quelque chose que je ne comprends pas. 

- Quoi encore ? 

- Ben, on est d'accord que la prophétie, elle disait qu'une jeune fille aux cheveux d'azur viendrait du soleil levant pour abattre le Noir Seigneur ? 

- Ouais, et alors ? 

- Ben alors, pourquoi le roi, quand il est mort, il a dit au Noir Seigneur que l'Héritier le vengerait ? 

- Je comprends pas. 

- Il a dit l'Héritier. Masculin. La prophétie parlait d'une fille. 

- Bah, ça doit être le masculin neutre. Je l'aimais bien, le vieux roi, mais il était pas très porté sur l'inclusivité, tu sais. 

- Ah OK. 

- Bon, on avance ? 

- Mais quand même...

- Putain...

- Pourquoi il a dit "ta chute viendra par le Nord" ? 

- Qu'est-ce que j'en sais moi ? 

- C'est que le soleil se lève à l'Est, pas au Nord. 

- Bon, écoute, quand tu as une épée vorpale qui boit les âmes en travers la cage thoracique, tu dois pas avoir les idées très claires non plus. Tu vas pas lui reprocher de s'être planté dans les directions quand même ? 

- Mais il a aussi parlé d'une marque de naissance...

- Ben oui, c'est toujours une bonne façon de reconnaître un Héritier, ça, une marque de naissance. Ou une Héritière. 

- Sauf que la prophétie, elle parlait pas d'une marque de naissance. 

- Ouais, mais ça fait sérieux. Si tu as une prophétie, tu dois avoir une marque de naissance. Avoue que ça manquait quand même. Avance maintenant. Les Sombres Ravins du Péril vont pas se traverser tous seuls. 

- C'est juste que ça fait beaucoup d'erreurs. 

- C'est vrai qu'il les a un peu accumulé, je te dis pas le contraire. 

- Tu crois qu'il l'a fait exprès ? 

- Attends, quoi ? 

- Ben, qu'il a embobiné le Noir Seigneur. 

- Comment ça ? 

- Quand tu y penses, je veux dire, si tu y réfléchis vraiment, imagine que tu as une information secrète qui peut décider du destin de la guerre et du monde...

- Du genre les plans de l'Arme Ultime des Anciens Dieux ? 

- Ouais, par exemple, ça, ou une prophétie. 

- OK, mettons. Et donc ? 

- Ben, tu balancerais l'info à l'ennemi toi ? 

- Hum, je suppose que non. 

- Moi, je ferais même en sorte de le tromper, l'ennemi. 

- En lui racontant que... le sauveur... va venir du Nord et non de l'Est...

- Et que ce sera un garçon et pas une fille, dès fois que le Noir Seigneur se décide à tuer à tous les nouveaux nés mâles... D'autant que le Noir Seigneur, il est pas vraiment connu pour penser de façon très féministe... 

- C'est vrai que les Hordes de la Mort sont pas trop paritaires... 

- Voilà. 

- C'est vrai que c'est pas con. Mais du coup, je me demande...

- Quoi ? 

- Ben, pourquoi laisser deux péquenauds dans notre genre crapahuter dans la nature avec la vraie prophétie dans la tête ? 

- On est pas des péquenauds, on est des espions en mission secrète pour trouver l'Arme Ultime des Anciens Dieux. 

- Mais c'est bizarre qu'on soit que deux pour ça, tu trouves pas ? 

- Je pensais que c'était pour la discrétion... 

- Ben, moi aussi. C'est sûr qu'on est plus discret que la Troupe des Paladins aux Armures de Mithril, mais maintenant, j'ai comme un doute. 

 - J'aime pas quand tu doutes. 

- T'es sûr qu'on a la bonne prophétie ? 

- C'est le Prêtre Gris lui-même qui nous l'a...

- Ouais, un mec en robe nous l'a récité après l'avoir soit-disant lue dans les entrailles d'un Gonka femelle, mais comment on sait que c'est la bonne, hein ? Tu lis les entrailles, toi ? 

- Je sais pas, il avait l'air d'être en transe. 

- Avec toutes les herbes qu'il avait mis à brûler autour, tu m'étonnes qu'il était en transe. Moi aussi, je commençais à être fasciné par mes mains. 

- C'est que c'est efficace, non ? 

- Et s'il nous avait raconté des cracs, lui aussi ? 

- Mais pourquoi ? On faisait partie de l'entourage du Roi Rebelle...

- Un joueur de flûte et le poivrot de la ville. T'as pas trouvé bizarre qu'on soit là ? 

- Je pensais que tu étais un chevalier déchu...

- Techniquement, oui, mais j'ai déchu à peu près un quart d'heure après l'adoubement. Au moment où je buvais un petit coup pour fêter ça, en fait. 

- Du coup, tu es en quête de rédemption. 

- Peut-être. Ou alors on est juste deux glandus chargé de traverser le pays à pattes en connaissant la "vraie" prophétie...

- Ils avaient dit que c'était périlleux comme mission. 

- Evidemment que c'est dangereux puisqu'on est des putains de leurres ! Ils veulent qu'on se fasse choper et qu'on lâche tout ce qu'on sait ! 

 - Oh putain. 

- On est juste bon à se faire torturer ! 

- Mais... et l'Arme Ultime ? 

- Ça t'a jamais semblé bizarre, cette histoire d'arme qui est si ultime que personne ne sait à quoi elle ressemble ni ce qu'elle fait ? 

- Ben, elle est ancienne en même temps... 

- Et donc ça ferait des millénaires que les Dieux Anciens aurait laissé traîner un jouet surpuissant et personne n'aurait eu l'idée de la chercher avant nous ? 

- Les semaines sont chargées... 

- En plus, on fait quoi s'il s'avère que l'Arme Ultime, ce sont les amis qu'on se fait en chemin ? 

- Bizarre comme idée, ça. 

- Non mais sérieux, on nous a envoyé à la chasse au dahut...

- T'en sais rien...

- T'as envie de risquer ta vie là-dessus ? 

- Ben, on a juré de donner nos vies pour la cause...

- Ouais, OK, mais moi, j'imaginais une mort noble et héroïque au combat, pas finir avec les parties intimes découpées en rondelles par des bourreaux gobelins avant de crever en pensant avoir trahi mes compagnons...

- Mais du coup...

- Quoi ? 

- Tu penses que le Roi, il a balance la vraie prophétie ? 

- Hum.

- Ou il a raconté des cracs quand même ? 

- Si ça se trouve...

- Moi j'aurais quand même raconté des cracs, au cas où. 

- Si ça se trouve, il n'y a pas de prophétie. 

- Mais c'est le seul espoir du Royaume ! 

- Ouais, c'est exactement ce que je dirais à tout le monde si je m'apprêtais à les embarquer dans une longue guerre d'attrition sur plusieurs décennies. "C'est le seul espoir", pile poil ce que je dirais...

- Bon. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? 

- Bah, tu sais quoi ? On n'a qu'à rentrer et puis on leur dit qu'on n'a pas trouvé l'arme. Non, mieux, on leur dit que c'était les amis qu'on se fait en chemin. 

- Mouais...

- Moi, je trouve ça crédible. Très poétique, très moral. Ils vont adorer. 

- Faudrait qu'on ramène des amis peut-être, du coup. 

- On trouvera bien une auberge sur le chemin. Allez, viens.