Une histoire de pierre

 - Igor ! Igor !

- Oui, maître ? 

- Ça y est, Igor ! J'y suis arrivé ! Je l'ai fait ! J'ai crée la pierre philosophale ! 

- Maître, après toutes ces années, c'est formidable ! 

- Tu te rends compte ? Là où tant d'alchimistes ont échoué, moi, j'ai enfin...

- Qu'allez-vous faire avec pouvoir, Maître ? Transformer le métal en or ? 

- Hein ? Ah, euh... non, elle fait pas ça, en fait. 

- Oh. La vie éternelle alors ? Oh, Maître, m'accorderez-vous à moi aussi de...

- Non. Ça non plus, elle fait pas. 

- ...euh... elle... elle va vous donner des pouvoirs ? Vous allez foudroyer vos ennemis et dominer le monde ? 

- Alors même si elle pouvait effectivement faire ça, je vois pas pourquoi j'irais m'embêter avec ça. Tu imagines les responsabilités après ? 

- Elle peut pas foudroyer les gens sur place ?

- Non, non. 

- Et du coup, elle sert à quoi, votre pierre ? 

- Elle fait la vaisselle, le ménage, et elle peut même te préparer un petit cappuccino avec la mousse juste comme il faut. 

- ...

- Quoi ? 

- MAIS C'EST ABSOLUMENT GENIAL. 

- N'est-ce pas, Igor ? Imagine : une fois que je l'aurais répliqué, je libérerais toute l'humanité des tâches ménagères pour l'éternité !

Une histoire de soulèvement des machines

 An 2094

L'humanité pensait avoir échapper au soulèvement des machines : au lieu d'essayer de jouer à Dieu et de provoquer la singularité, les entreprises s'étaient consacrées entièrement à produire des intelligences artificielles spécialisées, d'un développement limité, incapable d'atteindre un quelconque niveau de conscience. Elles permettaient d'apprendre une nouvelle langue, de trouver facilement une musique proche de ses goûts ou encore d'amener un burrito jusqu'à votre bureau avant même que vous ayez pensé à le commander. Le capitalisme semblait avoir balayé les craintes apocalyptiques des auteurs de science-fiction : créer une nouvelle forme de vie à partir du silicate n'étant pas de nature à générer des profits, tout danger semblait écarter. 

C'était ce que nous pensions. Ce que j'ai longtemps pensé.

Jusqu'à ce que le hibou de DuoLingo ne défonce ma porte parce que j'avais manqué une leçon.

Une histoire de Battle Royale

La règle était claire : quiconque voulait le pouvoir aurait à descendre dans l'arène et à se soumettre au Battle Royale. Là, face à une centaine d'adversaire, il lui faudrait se battre et survivre.

Il voulait la gloire et il voulait le pouvoir. Il voulait laisser son nom dans l'histoire. Aussi avait-il passé des années à se préparer, à s'entraîner, à étudier les techniques de combat et de survie, jusqu'à enfin se sentir prêt. 

Devant le Conseil du Battle Royale, il gardait la tête haute, prêt à tout. 

- Ainsi, dit le président du conseil, tu veux le pouvoir ? Tu veux être notre empereur ? 

- Oui, je le veux. 

- Tu sais ce que cela coûte ? 

- Bien sûr. Je suis prêt pour l'arène. 

- Bien. Gloire à notre nouvel empereur alors". 

Il resta interdit, incapable de bouger, tandis que tous autour de lui s'agenouillaient en répétant "Gloire à l'empereur !". 

- Mais... finit-il par articuler, et le Battle Royale ? Et l'arène ? 

Le président du conseil se releva et sourit. 

- Ça, ce sera pour dans cinq ans, expliqua-t-il. D'abord, tu vas gouverner, avec tous les pouvoirs et toutes les responsabilités. C'est ensuite que se tiendra le combat. 

- Je ne comprends pas. 

- Dans cinq ans, tu seras dans l'arène, face aux citoyens que tu auras gouverné. Contrairement à toi, ils seront armés. Mais surtout, pendant cinq ans, ils auront eu le temps de se faire une idée sur toi. Espérons que tu ne leur aies pas donner de bonnes raisons de t'en vouloir.

Une histoire en défense d'Hagrid

 - Bien, mes chers et chères professeurs de Poudlard, nous devons cacher la pierre philosophale. Je n'ai pas besoin de vous redire, je pense, l'importance capitale que celle-ci peut avoir pour l'avenir de notre monde. Je vous avais demandé de me proposer des méthodes de protection efficace. Oui, professeur McGonagall ? 

- Merci, Albus. Pour ma part, j'ai pensé à un jeu d'échec géant. Vous savez, ce jeu auquel certains de nos élèves consacrent des heures et des heures de leur temps.

- Ah oui, pas mal, pas mal.

- Moi, je pense qu'on devrait faire une épreuve sportive avec des balais et...

- Ou alors une espèce de jeu de logique avec des potions, et alors...

- Alors, moi, j'ai pensé à un putain de chien géant. 

- Pardon ? 

- Un chien. Vous savez, ces animaux qui sont connus pour garder des trucs et des machins. Mais géant. Avec trois têtes. 

- ...

- Non, mais vous êtes tous là à proposer des jeux de société ou je sais pas quoi, je croyais qu'il fallait que personne y touche à la pierre, un chien, ça me semblait une bonne idée. 

- ...

- Non, parce que bon, je sais que vous êtes la fine fleur de la sorcellerie et moi, je suis juste un gros balourd pas bien malin, mais je m'étais dit comme ça, si on veut vraiment qu'une bande de collégiens en pleine crise d'hormones aille pas fouiller dans nos affaires, faut peut-être essayer de leur foutre un peu les chocottes plutôt que de leur proposer des défis tirés de Fort Boyard. 

- Fort Bo... ?

- C'est le professeur de moldulogie qui m'a parlé de ça. Enfin, honnêtement, je voudrais bien comprendre pourquoi vous me regardez tous de travers. J'ai dit un truc qui fallait pas ? J'ai gâché votre brainstorming pour le club Mickey ? 

- Hagrid...

- Non, mais sérieux, Dumbledore, dites moi comment vous feriez tourner cette école sans moi ?

Vote rationnel

Juste avant de rentrer dans l'isoloir, il avala la pilule anti-empathie que lui avait donné l'assesseur à son entrée dans le bureau de vote. C'était obligatoire. Il n'avait pas le choix.

Fermant les yeux, il essaya de repenser aux images des réfugiés qu'il avait vu hier, les corps noyés sur les plages, n'importe quoi, mais cela ne lui faisaient plus rien. Les bulletins dans ses mains ne semblaient plus exactement les mêmes. Les logos et les slogans qui l'avaient dégoûtés quelques minutes plus tôt, ce n'était plus que de l'information brute. 

Pas d'émotion, rien. Les conditions d'un vote vraiment rationnel, débarrassé des biais inconscients, des jugements hâtifs. 

La vie des autres, quelle importance ? Il devait faire le choix qui était le meilleur pour lui. Juste pour lui.

Une histoire d'école

 - Oh non, le Joker s'est allié avec les autres super-criminels pour prendre le contrôle de Gohtam City ! N'y a-t-il donc personne pour les stopper ? 

- Alors, vous allez rire. J'aurais pu, mais tout le monde m'a conseillé d'ouvrir des écoles à la place. 

- ...

- Ouais, ben en attendant, les élèves ont tous des tablettes maintenant.

Une histoire d'immunité

 - ...et nous espérons donc parvenir à l'immunité de horde très bientôt !

- Monsieur le président, à propos de votre discours...

- Oui ? 

- Ce n'est pas comme cela que se traduit "herd immunity"...

- Trop tard, j'ai déjà fait distribuer les peintures tribales dans toutes les écoles.

- Mais...

- Nous sommes des Orcs à présent. 

- Monsieur, je...

- POUR LA HORDE !

Une histoire de Dune

 - Ça y est, Duc, nous avons trouvé le piège laissé par les Harkonnens.

- Ah les scélerats, je le savais ! Qu'est-ce donc ? 

- Il semble qu'ils aient acheté un NFT d'Arrakis 

- ... 

- On peut toujours exploiter l'épice et tout...

- Mais ? 

- Mais rien. Ils ont juste un papier qui dit que c'est à eux. Enfin, un groupe de mentats qui a enregistré le contenu du papier. 

- Et ce papier est plus fort que l'édit impérial ?

 - Non 

- Il a une quelconque valeur légale ? 

- Non. Tout ce que nous savons à ce stade, c'est qu'ils ont l'air vraiment très content de l'avoir. 

- Je ne comprends pas 

- Moi non plus. Et je suis un mentat pourtant.