mardi 28 juin 2022

Une histoire de Bane

 Bane

Peuple de Gotham ! Je vous rends votre ville ! Vous êtes libre !

 

Citoyen 1

Ok, merci, mec. 

 

Bane 

Hé, mais... mais... Hé, où est-ce que vous allez tous comme ça ? 


Citoyen 2

Ah ben, présentement, on va regarder la télé je crois.


Citoyen 1 

En slip.  


Bane

Mais... je vous ai rendu votre ville. Vous pouvez faire ce que vous voulez ! 


Citoyen 1 

Et ce que l'on veut, c'est regarder la télé en slip. 


Bane 

Mais... vous ne vous livrez pas à vos plus bas instincts ? Vous ne partez pas dans une débauche de crimes et de violences jubilatoire ? 

 

Citoyen 2 

Bof. 

 

Citoyen 1 

Tu sais, on bosse toute la semaine, on est fatigués. 

 

Citoyen 2 

Ouais, voilà, on va se la couler douce un peu. 

 

Bane 

Mais il n'y a plus de police ! Plus de justice ! Plus aucune institution qui vous retienne ! 

 

Citoyen 1

Ouais, ben ça nous ôte une sacrée épine du pied, c'est vrai, donc merci pour tout, mais là, perso, je me sens pas trop disposé pour un pillage. Je vais peut-être passer un peu de temps avec les gosses et tout. 

 

Bane 

Je vous ai ramené à l'état de nature ! Vous devez cesser d'être civilisés !

 

Citoyen 2 

Woh, mec. Tu t'écoutes parfois ? 

 

Citoyen 1

L'état de nature, l'autre, franchement. 


Bane

La société s'est écroulée ! Il ne reste plus que la violence et le conflit !


Citoyen 1 

Alors, c'est marrant que tu parles de ça, parce qu'en fait, j'ai étudié l'anthropologie et les petites communautés humaines sans institutions centralisées sont en fait moins conflictuelles et violentes. 


Citoyen 2 

Et dans la mesure où tu as vidé la ville d'une partie importante de sa population...


Citoyen 1 

...avec tous tes actes terroristes et ta tendance à enfermer les gens sous terre...


Citoyen 2 

Ouais, voilà. Bah du coup, on a plein de place. Si on est pas content de nos voisins on peut juste se casser ailleurs. 


Bane

Bon, écoutez, soit vous donnez libre cours à vos pulsions les plus destructrices, soit je fais exploser la bombe atomique, voilà, c'est clair comme ça ? 


Citoyen 2 

Ah parce que tu as gardé le contrôle de la bombe. 


Bane 

Bah oui, bien sûr, vous croyez quoi ?


Citoyen 2 

Et ben voilà, encore une fois, c'est la centralisation du pouvoir qui conduit à la violence. Typique ça. Typique. 

 

Citoyen 1

Note que ça va te faire un super papier à écrire. 

 

Citoyen 2 

Ah ça, je pourrais sans doute le placer dans une bonne revue et avoir enfin mon poste de maître de conf. 

lundi 27 juin 2022

Une histoire d'enfer

 - Les gens qui cornent les pages des livres, ils devraient aller en enfer ! 

- Bonjour ! 

- Aaaaah, Lucifer ! Mais... qu'est-ce que vous faites là ? 

- Et ben, je venais juste vous dire que ces gens-là, ils sont déjà en enfer. 

- Hein ? Mais pas du tout, regardez, j'ai emprunté un livre à la bibliothèque et les pages sont toutes...

- Oui, je sais, mais ils sont en enfer, croyez-moi. 

- ...je ne comprends pas...

- Ben, vous avez regardé l'actualité récemment ? 

- ...

- Vous pensez vivre où, au juste ?

dimanche 12 juin 2022

Une histoire de transfert de propriété

 - Bonjour. Combien pour votre maison ? 

- Hein ? Quoi ? Mais elle n'est pas à vendre.

- Tout a un prix. 

- Ben, pas ma maison. 

- Dites un chiffre. 

- Bon, bon, d'accord. 20 millions, voilà, ça vous va ? 

- Johnson, donnez un chèque à ce monsieur. 

- Voilà, monsieur. 

- Et maintenant, sortez de ma maison ! 

- Ah ben sûrement pas. 

- Je viens d'acheter cette maison. Vous êtes chez moi désormais. 

- Mais t'as rien acheté du tout, tête de noeud, on a signé aucun papier, tu m'as juste donné un chèque de 20 millions. 

- Mais...

- Tu crois quoi, ducon ? Que tu peux débarquer avec ta grosse limousine et tes lunettes noires et te mettre au-dessus des lois ? Qu'il suffit d'une ou deux répliques de badass pour opérer un transfert de propriété ? On a même pas vu un notaire, même pas payé les taxes !

- Je...

- Putain, le con, oh, le con. 

- Du coup, vous pourriez me rendre ce chèque ? 

- Quel chèque ? 

- Et merde...

jeudi 9 juin 2022

Une histoire de plus grande peur

 - M. Londubat, quand je vous ai demandé quelle était votre plus grande peur, vous m'avez répondu "le professeur Rogue", c'est bien ça ? 

- Oui, professeur Lupin, mais... 

- Mais quoi ? 

- Ben, tout de suite après, je me suis dit que le néant de la mort, c'était quand même plus terrifiant...

- D'accord...

- Mais ensuite, je me suis dit que, de toutes façons tout le monde meurt, non ? Donc j'ai pensé qu'en fait, ce dont j'avais vraiment peur, c'était de vivre sans arriver à faire honneur à mes parents...

- C'est vrai que ça doit faire beaucoup de pression...

- ...mais en fait, peut-être que ce n'est pas ça qui me fait peur, peut-être que ce qui me fait vraiment peur, c'est d'arriver à être meilleur qu'eux au point d'effacer leur souvenir ou...

- Neville...

- ...ou alors c'est de ne pas parvenir à vivre ma propre vie parce que je suis condamné à être vu comme la prolongation d'eux, et du coup, je leur en veux, et ma plus grande peur est de leur en vouloir alors que je ne devrais pas et...

- Neville, calmez-vous. 

- ...et enfin... enfin voilà, c'est ce que j'ai pensé. 

- D'accord. Bon, ça explique qu'on ait un épouvantard qui a la forme du professeur Rogue avec une faux faite de néant, deux vautours qui ressemblent étrangement à vos parents posés sur les épaules et qui vous regardent d'un air mauvais, et cette jeune nymphe qui court autour en jetant des fleurs, ça doit être votre vie insaisissable, je suppose. 

- Je crois aussi, professeur. 

- Ça n'explique pas le nez rouge. 

- Ben, j'ai aussi peur des clowns en fait. 

- Ah. 

- Vous savez, professeur, quand vous avez dit que l'épouvantard prenait la forme de votre "plus grande peur", je me suis dit "mais comment il fait pour choisir au juste ?"