- Ouais, il a dit... Qu'est-ce qu'il a dit déjà ?
L'homme se tourna vers son voisin de table, dont Morgane pouvait déjà deviner, à ses yeux embrumés, qu'il ne serait pas d'une très grande aide.
- J'sais plus...
- Mais si... euh... il a dit... il a dit "quand l'ombre tombera sur le monde..."
- Nan, c'était pas ça. Pas ça du tout. C'était "quand l'homme tondra l'immonde"...
- "Quand l'homme..." ? répéta l'autre. Mais ça veut rien dire...
- Ouais, ben, c'est qu'il a dit. J'le sais, j'étais là.
- Mais, bourricot, j'étais là aussi, et il a clairement parlé d'une ombre. J'm'en souviens très bien.
Morgane soupira et regarda ses notes, déjà un fatras illisible. Pourquoi les prophètes devaient-ils toujours avoir leurs illuminations dans les tavernes ? A croire qu'ils ne pensaient jamais au pauvre archiviste chargé de la collecte, obligé de se coltiner les témoignages incohérents des poivrots locaux. Et si on ne les archivait pas, à quoi pourraient-elles bien servir, leurs prophéties, hein ?
- Bon, reprenez monsieur, s'il vous plait. Juste vous. Je vais vous écouter un par un, d'accord ? Essayez de ne pas vous interrompre.
- Ouais, donc comme je vous disais, il a dit "quand l'ombre tombera sur le monde, Morgane mourra".
- Pardon ?
- C'est c'qu'il a dit.
- Ah ouais, la fin, ouais, c'est bien ça, mais le début, pas du tout, intervint l'autre témoin. C'était pas du tout cette histoire d'ombre. C'était plutôt un truc du genre... euh, du genre... un truc à propos d'une tombe. Enfin, j'crois. Dites, vous avez vu, il commence à faire sombre, là quand même dehors, vous trouvez pas ?
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